Souvenir caché

Court résumé: Été 1958, Annie Ernaux arrive dans la colonie S. Sa jeunesse et son naïveté vont l’entraîner dans une spirale émotionnelle…

Mon avis:

Merci aux éditions Folio pour cette lecture!

Annie Ernaux a créé une œuvre presque essentiellement autobiographique. Chaque roman concerne une partie de sa vie. Pour « Mémoire de fille », l’approche a été plus difficile pour elle. En effet, les évènements intervenus en 1958 ont longtemps hanté l’autrice. Il lui a donc fallu du temps et attendre un âge avancé pour enfin s’y attaquer.

Longtemps, pour se préserver, elle avait rejeté ce passé dans les limbes de l’oubli. Elle a décidé de se décharger de ce poids. Pour se faire, elle s’est mise en retrait en observant la jeune fille qu’elle était, comme une personne étrangère. Ce mode de narration lui permet d’être objective et surtout de ne pas tenir compte de ses sentiments. Elle s’en tient uniquement aux faits. Elle peut ainsi regarder les évènements de l’époque avec ses yeux d’aujourd’hui. Ce qui lui paraissait honteux et inavouable, peut enfin être porté au grand jour.

Je comprendrais que certains/es jeunes lecteurs/rices trouvent le désarroi de cette adolescente un peu exagéré par rapport au monde moderne. Mais il faut replacer les évènements dans leur contexte et bien prendre en compte les usages de l’époque. En effet la réputation d’une adolescente était très vite faite et des choses acceptées aujourd’hui avec la libération progressive de la femme, ne l’auraient pas été jadis. C’est pour cette raison que l’autrice a souffert des quand-dira-t-on et qu’elle en gardait un très mauvais souvenir.

Même si la deuxième partie du texte, moins recentrée sur l’affaire, m’a un peu moins passionné, j’ai pris beaucoup de plaisir avec ce court roman. L’écriture d’une grande dextérité, aussi exigeante qu’agréable, dégage une somme de sentiments et magnifie ce souvenir difficile. En voulant expier ses « fautes », Annie Ernaux nous livre un concentré de littérature vraie, qui ne vous laissera pas indifférent.

Folio, 165 pages

16/20

Une réponse "

  1. barbarasoleil dit :

    Excellent, comme toute son oeuvre!

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  2. Je suis en train de le lire 🙂

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  3. J’ai beaucoup entendu parler de cette autrice, mais je n’ai pas encore tenté 😊

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  4. Cat dit :

    Je ne connais pas cet auteur… Je la lirai. C’est noté!

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  5. J’avais lu La Place de cette auteure, il y a déjà bien des années et j’avais bien aimé. Rien lu d’elle depuis. Je note celui-ci 🙂

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  6. lebouquinivre dit :

    Je ne connaissais pas du tout Annie Ernaux, merci pour cette découverte fort intéressante !

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  7. Ada dit :

    Aha, contrairement à beaucoup de monde, j’avais un poil préféré la deuxième partie du livre ! Ravie que tu l’aies apprécié en tout cas ! J’ai vu qu’on te conseillait La Place, je suis assez d’accord. Mais mon conseil ultime, c’est Les années ! Un livre brillant, j’aurais bien aimé être capable d’écrire un livre comme ça…

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  8. C’est le 3e roman que je lis d’elle mais le côté autobiographique m’a un peu pompé l’air. En revanche, ses réflexions sur la littérature m’ont intéressée.

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  9. jostein59 dit :

    Toujours une belle écriture. Un sujet universel, peut-être à des degrés différents. Mais Annie Ernaux se replace aisément dans la tête d’une adolescente.

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  10. alexmotamots dit :

    Une histoire racontée avec maestria.

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