Court résumé: Dans le pays où il est né, Oumar est stigmatisé. Réfugié à La Haye, le jeune tchétchène a changé de vie. Mais soudain, son passé le rattrape, lorsqu’un attentat est perpétré dans son ancien lycée…

Mon avis:

Merci à lecteurs.com et aux éditions de L’Observatoire pour cette lecture!

Ce livre est éligible au Prix Orange du livre 2019, dont je suis juré.

Lors d’un mouvement migratoire, il y a deux types de personnes. Tout d’abord, il y a ceux qui continuent de revendiquer leurs origines pour garder les traditions. Même si leur nouvel environnement paraît bienveillant, ils se sentent toujours étrangers. Ils emmènent jusqu’à leurs colères avec eux. Et ensuite, il y a ceux qui renient leur pays maternel en ayant l’impression de mieux s’intégrer à leur nouvel habitat. Ils veulent passer inaperçus, se fondre dans la masse afin d’oublier leurs misères d’autrefois.

Le roman parle de cette dichotomie et est la rencontre de ces deux phénomènes. Les protagonistes de cette histoire vivent leur adaptation chacun à leur manière jusqu’au jour un évènement dramatique remet tout en cause. Le passé refait alors surface et leur condition au sein de leur nouveau pays s’en voit bouleversée.

Les premiers, qui ont voyagé avec leurs combats, peuvent laisser libre court à leur rancœur. Les seconds sont rattrapés par les traditions qu’ils fuyaient et se rendent vite compte que le pays, qui représentait la tolérance à leurs yeux, est capable de tout autre chose. Devant la tragédie, la société délaisse ses intentions d’ouverture d’esprit pour laisser ressurgir les instincts de défense les plus primaires. L’ennemi redevient l’entité différente et les étrangers sont ramenés inexorablement  à leurs origines.

Anaïs LLobet implique le lecteur dans son drame. On entre en empathie avec les acteurs. On se prend de plein fouet la violence morale et physique qu’ils subissent. Le récit puise sa force dans le réalisme de son atmosphère et dans la souffrance profonde de ses personnages, victimes de leur passé. Sans prendre parti, il traite de thèmes polémiques tels que l’homosexualité, l’immigration et met en lumière la puissance des préjugés. La plume limpide de l’auteure sert parfaitement un scénario maîtrisé, qui nous réserve quelques surprises. L’atmosphère s’alourdit de page en page, jusqu’au dénouement inéluctable. Gros coup de cœur pour ce roman d’une justesse brutale et d’une humanité folle !

L’observatoire, 224 pages

17€

Une réponse "

  1. Un récit coup de poing! je te recommande son précédent roman également très réussi si tu ne l’as pas encore lu 😉

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  2. Elle - Twin Books dit :

    J’avais adoré son premier roman et celui-ci me tente énormément 🙂

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  3. J’ai justement lu la critique de Télérama sur ce livre cette semaine. Le sujet est passionnant. Ta critique m’incite à lire ce livre car tu parles d’un « gros coup de coeur » 😉

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  4. lebouquinivre dit :

    Une totale découverte qui donne clairement envie de le lire! Un coup de poing plein d’humanité ! ❤️

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  5. frconstant dit :

    Je ne connais pas cette auteure. Mais cela va être corrigé. Après une critique pareille, je la déclare invitée sur ma PAL. Merci Anthony pour cette nouvelle envie que tu me communiques.

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  6. Eve-Yeshé dit :

    j’ai déjà lu plusieurs critiques enthousiastes, donc il a rejoint ma PAL 🙂

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  7. alexmotamots dit :

    Vil tentateur !

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  8. Voilà une chronique qui donne envie! 🙂

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