Court résumé: Ariana a grandi à l’ombre du 14, rue Ilios. Sa famille a perdu cette maison pendant l’invasion de Chypre en 1974, lorsque l’armée turque a entouré de barbelés la ville de Varosha. Un jour, elle apprend que son père a décidé de vendre la maison familiale. Sa stupeur est grande, d’autant plus que c’est dans cette demeure qu’ont vécu Ioannis et Aridné, ses grands-parents…

Mon avis:

Je remercie les éditions de l’Observatoire pour cette lecture!

Ce livre fait partie des 20 livres de la sélection du Prix Orange du Livre 2022.

J’avais un très bon souvenir d’Anaïs Llobet et de ma lecture de « Des hommes couleur de ciel ». Elle m’avait chamboulé en racontant la dure réalité de la Tchétchénie, un pays que je ne connaissais que très peu.

Avec « Au café de la ville perdue », elle s’attaque à un sujet qu’elle maîtrise. A l’instar de son précédent roman, elle nous parle d’un endroit dans lequel elle a vécu. Elle pousse même cette fois le vice à ancrer son histoire dans son propre quotidien et à jouer son propre rôle. En parallèle de l’aventure proprement dite, on suit donc tous ses échanges avec les témoins et toutes ses recherches d’informations. Ce travail minutieux lui permet d’offrir au lecteur une expérience d’immersion très réaliste.

J’ai appris beaucoup de choses sur le passé récent de Chypre et sur le drame interne qui a fracturé la population. Grâce aux acteurs de son livre, la petite histoire se mélange à la grande et peut ainsi mettre en lumière l’impact de ces évènements dramatiques sur les petites gens. Ils ne sont que des victimes collatérales mais leurs vies et même leurs avenirs sont complètement bouleversés par les conséquences. La tragédie laisse des traces, de génération en génération.

Pendant la confection de son livre, l’écrivaine s’est rapprochée fortement de ses protagonistes afin d’en brosser un portrait le plus juste possible. Naviguant entre les années 60/70 et aujourd’hui, on découvre des personnages attachants qui doivent vivre avec leurs origines. On comprend alors l’importance de l’héritage laissé par les ancêtres et le besoin d’appartenance qui découle des conflits d’antan. Chacun possède alors sa propre opinion sur le dilemme « Pour vivre sa vie, faut-il tourner la page ou continuer le combat ? ».

Par le prisme de ses habitants, l’autrice nous ouvre les portes d’une région ravagée par son histoire. Cette quête de vérité est un condensé d’émotions contradictoires qui ne vous laissera pas de marbre. Anaïs Llobet continue, avec humanité et bienveillance, à nous éclairer sur les tragédies modernes dont on ne parle jamais. Merci à elle !

L’Observatoire, 324 pages

Paru le 5 janvier 2022, 20€

Une réponse "

  1. alexmotmots dit :

    Un roman magnifique et poignant comme je les aime.

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  2. J’ai beaucoup aimé ce roman lu quelques semaines après « L’île aux arbres disparus » d’Elif Shafak, qui traite lui aussi de la partition de Chypre mais sous un angle différent. Lire ces deux romans permet d’avoir une vue d’ensemble sur ce qui s’est joué, et se joue encore, à Chypre.

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  3. […] Pour vous aider dans votre exploration personnelle, je vous propose de gagner un exemplaire de 2 livres de cette sélection. Il s’agit de « Presque le silence » de Julie Estève et « Au café de la ville perdue » d’Anaïs Llobet que j’ai énormément aimé (Ma chronique ici). […]

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