(#967) Sandrine Collette – Madelaine avant l’aube

Court résumé: Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose. Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours. Jusqu’au jour où surgit Madelaine…

Mon avis:

Je remercie les éditions JC Lattès , Audiolib et Babelio pour cette lecture!

Sandrine Collette ne fait jamais dans le feel good, loin sans faut. Chaque nouvelle aventure qu’elle nous propose tend plutôt vers le noir absolu. « Madelaine jusqu’à l’aube » n’échappe pas à la règle.

À travers les yeux de deux narrateurs différents, l’autrice nous immerge dans le quotidien d’une communauté démunie. Ils survivent dans un endroit isolé, sans argent, sous le joug de seigneurs oppresseurs, esclaves de leur labeur éreintant. Malgré toutes ces injustices dont ils sont victimes, ils acceptent leur sort. L’arrivée de Madelaine, une jeune fille sauvage pleine d’énergie et de rage, va chambouler cette monotonie.

L’écrivaine plonge le lecteur dans un monde rural exigeant. L’ambiance est sombre, pesante. On subit avec ces personnages tous les drames qui s’accumulent. L’avenir n’est pas vraiment rose. Autant vous dire que les sourires et les motifs de joie se font rares. Mais heureusement, dans cette désolation, le récit nous réserve quelques moments de grâce et quelques surprises scénaristiques. Ces respirations nous sortent provisoirement du fond du gouffre, comme une lueur d’espoir, une toute petite lueur !

A travers cette lourde histoire, Sandrine Collette nous parle, comme souvent, de ses sujets de prédilection. Ce texte fort met en exergue la force de la nature et les faiblesses de l’Homme. Les protagonistes sont la représentation d’une certaine classe sociale, qui pâtit de l’âpreté de leur environnement et aussi des non-dits familiaux. Mais dans cet univers clos et taiseux, l’autrice réussi à nuancer le portrait de ces acteurs pour que l’on s’y attache. Sublimée par une écriture à la fois dense et poétique, chaque émotion, chaque sensation est parfaitement retranscrite. Et comme l’époque et les lieux ne sont pas précisés, cette tragédie devient universelle.

Sandrine Collette ne vous remontera pas le moral, c’est une certitude ! Mais s’exposer à une dure réalité, c’est aussi ça, le rôle de la littérature !