(#1012) Frédéric Ernotte – Le malheur des uns

Court résumé: Renan Frost est agent immobilier. Du moins, c’est ce que pense sa famille. En réalité, cela fait plusieurs mois qu’il mène une vie secrète dans un job qu’il s’est taillé sur mesure. Sa véritable activité consiste à provoquer le malheur de parfaits inconnus pour satisfaire ses clients.
Renan et son équipe multiplient les mauvais coups en toute impunité jusqu’à ce qu’un mystérieux ultimatum les mette au pied du mur.

Mon avis:

Je remercie les éditions Ifs pour cette lecture!

Dès les premiers chapitres, Frédéric Ernotte installe une atmosphère chargée d’électricité. On sent qu’un orage gronde, que les comptes ne sont pas soldés et que quelqu’un, quelque part, a décidé de faire justice à sa manière. Mais comme souvent avec la vengeance, le boomerang revient, plus vite et plus fort qu’on ne le croit.

Ce roman s’inscrit dans la mécanique implacable de la loi du talion. Il explore les ravages de cette logique où chacun devient bourreau à son tour, où l’on croit redresser les torts en creusant sa propre chute. Le thème de l’arroseur arrosé est omniprésent, glissé subtilement dans les interstices du récit : qui manipule qui ? Jusqu’où peut-on aller sans perdre pied ?

Le suspense est là, intense, savamment dosé. Au fil des évènements, une tension psychologique s’installe doucement, nous gardant sous pression. Avec toujours cette impression que le véritable ennemi, celui qui tire les ficelles, reste tapi dans l’ombre. Inaccessible. Invisible. Terrifiant. Et quand les masques tombent, il est peut-être déjà trop tard !

L’auteur joue avec nos nerfs comme un chat avec sa proie. Il dissèque les dérives humaines avec une plume simple, un style agréable et direct, qui colle parfaitement à l’univers du roman. Il ne donne pas de leçon, mais laisse le lecteur face à ses propres réflexions, ses propres zones grises.

« Le malheur des uns » est un thriller noir et intelligent. Malgré quelques facilités scénaristiques, il se présente comme une réflexion amère sur les conséquences de nos actes, où l’on comprend vite qu’en matière de vengeance, nul ne sort indemne. Frédéric Ernotte signe un roman qui pique, qui dérange et qui nous montre l’être humain sous une facette pas vraiment reluisante. Je vous promets que vous ne lâcherez pas ce livre tant que vous ne connaîtrez pas le dénouement !

Phénix Noir, 390 pages

Paru le 10 février 2025, 19.95€