(#1014) Barbara Kingsolver – On m’appelle Demon Copperhead

Court résumé: Né à même le sol d’un mobile-home au fin fond des Appalaches d’une jeune toxicomane et d’un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d’un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d’accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l’addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l’égard des plus démunis…

Mon avis:

Je remercie les éditions Audiolib pour cette écoute!

Barbara Kingsolver ne s’en cache pas. Cette histoire se place dans la lignée d’un certain Charles Dickens. D’ailleurs, durant la lecture, impossible de ne pas penser à David Copperfield tant les clins d’œil sont là, en forme d’hommage à tous les laissés-pour-compte de l’Amérique. Mais attention : Demon Copperhead n’est pas un simple copier-coller moderne. Il est plus brut, plus américain, plus ancré dans son époque et sa région.

Et quelle région ! L’autrice a un don incroyable pour faire parler les lieux. Les forêts épaisses, les maisons en ruine, les routes sinueuses, ainsi que la pauvreté, les non-dits, les drogues, le football… tout respire la beauté fatiguée des Appalaches. Le récit ne tombe jamais dans la carte postale : c’est une région vivante, cabossée, mais fière. L’ambiance de cette aventure colle à la peau du lecteur comme la moiteur d’un été. En audio, elle est d’ailleurs admirablement retranscrite par la lecture de Benjamin Jungers, qui a su adapter son langage pour coller au plus près de cet univers.

Ce roman ample et vibrant est aussi une réflexion sur l’héritage, les systèmes défaillants, et l’envie rageuse de s’en sortir malgré les obstacles de la vie. Orphelin trop tôt, balloté de foyer en foyer, Demon est ce môme qu’on aimerait protéger, secouer parfois, mais qu’on accompagne dans ses mésaventures avec le cœur serré.

Barbara Kingsolver nous plonge dans un voyage initiatique, social et profondément humain. Elle signe là un grand livre moderne, sans misérabilisme, avec une écriture à la fois tendre, crue et lumineuse. Elle nous confronte à une réalité que l’on ignore ou que l’on ne veut pas voir. « On m’appelle Demon Copperhead » est un roman qui s’installe doucement, vous saisit sans prévenir et vous laisse un peu plus silencieux à la dernière page !

Audiolib, 22h04min

Lu par Benjamin Jungers

Paru le 17 avril 2024, 27.45€